Embryologie de la cavité péritonéale


Initialement, l'intestin a la même longueur que le corps. Il subit, toutefois, une croissance exubérante de manière à fournir une grande surface d'absorption nécessaire à la nutrition et, dès la fin de la 10e semaine du développement, il est beaucoup plus long que le corps qui le contient. Pour que cet accroissement en longueur soit possible, l'intestin doit, dès les premiers stades, avoir de la liberté de mouvement par rapport à la paroi du corps, tout en maintenant la connexion nécessaire pour l'innervation et la vascularisation sanguine. Cette croissance (et plus tard, l'activité de l'intestin) s'accompagne du développement d'une cavité séreuse dans la partie du tronc qui abrite l'intestin qui s'allonge, en décrivant des circonvolutions, dans un espace restreint. Le rythme de la croissance de l'intestin dépasse initialement celle de l'espace qui lui revient dans le tronc et, pendant un temps, la période de l'allongement rapide de l'intestin se déroule en dehors de la paroi du corps en formation.

Au début du développement, la cavité corporelle embryonnaire (cœlome intra-embryonnairé) est bordée par le mésoderme, l'ébauche primordiale du péritoine (Moore et Persaud, 2003). Ensuite, un peu plus tard, la cavité abdominale primitive est bordée par le péritoine pariétal, dérivé du mésoderme, qui forme un sac fermé. La lumière du sac péritonéal représente la cavité péritonéale. Lorsque les organes se développent, ils font protrusion (s'invaginent) à des degrés divers dans le sac péritonéal et acquièrent de ce fait un revêtement péritonéal, le péritoine viscéral. Un viscère comme le rein ne fait que partiellement protrusion dans le sac péritonéal ; il est donc primitivement rétropéritonéal ; il reste toujours hors de la cavité péritonéale, en arrière du revêtement péritonéal qui tapisse la cavité abdominale. D'autres viscères, comme l'estomac ou la rate, s'invaginent entièrement dans le sac péritonéal et sont donc presque complètement investis par le péritoine viscéral ; ils sont dits intrapéritonéaux. Ces viscères sont reliés à la paroi abdominale par des mésos, de longueur variable, constitués par deux feuillets de péritoine séparés par une mince couche de tissu conjonctif lâche. Généralement, les viscères qui varient relativement peu de forme et de taille, comme les reins, sont rétropéritonéaux alors que ceux qui subissent des changements marqués dans leur forme, suite à leur remplissage, leur vidange et par le péristaltisme, comme l'estomac, sont entourés par le péritoine viscéral. Les viscères qui possèdent un méso, comme, par exemple, la plus grande partie de l'intestin grêle, sont mobiles et cette mobilité varie en fonction de la longueur du méso. Bien que le foie et la rate ne changent pas de forme à la suite de leur activité intrinsèque (bien qu'ils puissent modifier un peu leurs dimensions, lorsqu'ils sont gorgés de sang), leur besoin d'un revêtement par du péritoine viscéral est dicté par la nécessité de s'adapter aux changements passifs imposés par le diaphragme voisin, très actif.

En faisant protrusion dans le sac péritonéal, les organes entraînent avec eux les vaisseaux, nerfs et lymphatiques qui les relient à leurs origines ou à leur destination extrapéritonéale (en général, rétropéritonéale) ; ces éléments cheminent entre les feuillets péritonéaux des mésos. Initialement, l'intestin primordial embryonnaire est suspendu, sur toute sa longueur, au centre de la cavité péritonéale par un méso dorsal commun, fixé sur la ligne médiane de la paroi postérieure du corps. Note du traducteur : Au terme du développement, le méso dorsal de chaque viscère est désigné par un terme spécifique à l'organe considéré : mésogastre pour le méso de l'estomac, mésocôlon pour le méso du côlon, etc. À partir de ce moment, le terme « mésentère » est réservé au méso de la portion libre de l'intestin grêle (jéjunum et iléum).

La croissance des organes contribue graduellement à réduire les dimensions de la cavité péritonéale jusqu'à ce qu'elle devienne un simple espace virtuel entre les feuillets pariétal et viscéral du péritoine. En conséquence, certaines parties de l'intestin se sont ainsi retrouvées au contact de la paroi abdominale postérieure et leur méso postérieur s'est peu à peu réduit sous la pression des organes adjacents. Par exemple, au cours du développement, la masse pelotonnée de l'intestin grêle en voie d'accroissement a refoulé l'ébauche du côlon descendant vers le côté gauche en appliquant son méso contre la paroi abdominale postérieure. Maintenue dans cette position, la face gauche du méso et une partie du péritoine viscéral du côlon lui-même ont fusionné avec le péritoine pariétal de la paroi postérieure. En conséquence, la face gauche du côlon s'est fixée sur la paroi abdominale postérieure et son revêtement péritonéal n'a plus tapissé que sa face primitivement droite, devenue sa face antérieure. Après avoir été un organe intrapéritonéal, le côlon descendant (et c'est la même chose pour ce qui concerne le côlon ascendant du côté droit) est donc devenu secondairement rétropéritonéal.

Les feuillets fusionnés du péritoine se transforment en un fascia de fusion, un plan de tissu conjonctif dans lequel les vaisseaux et les nerfs du côlon descendant (ou ascendant) continuent de cheminer. Chez l'adulte, on pourra donc décoller le côlon descendant (ou ascendant) de la paroi postérieure (mobilisation chirurgicale) en incisant le péritoine le long de son bord latéral puis en disséquant dans le plan de fusion ; les éléments vasculo-nerveux seront progressivement libérés de la paroi postérieure jusqu'au niveau de la ligne médiane. Le côlon ascendant peut être mobilisé de manière similaire, du côté droit.

Diverses parties du tractus digestif et des organes associés deviennent secondairement rétropéritonéaux (c'est le cas pour la majeure partie du duodénum et du pancréas ainsi que pour les côlons ascendant et descendant). Elles ne sont donc revêtues de péritoine que sur leurs faces antérieures. D'autres parties ou d'autres organes conservent un court méso (comme par exemple, le côlon sigmoïde et la rate), mais ils sont déportés vers la gauche ou vers la droite par un processus de fusion semblable à celui qui a été décrit à propos du côlon descendant.

Le péritoine est une membrane séreuse continue, qui borde la cavité abdomino-pelvienne (le péritoine pariétal) et les viscères qu'elle contient (le péritoine viscéral). La cavité péritonéale est collabée entre ces feuillets qui contiennent normalement assez de liquide péritonéal (environ 50 ml) pour lubrifier la face interne de la membrane. Ce dispositif permet une liberté de mouvement du tube digestif, requise par l'alimentation. Les adhérences qui se développent sont consécutives à une infection ou à un traumatisme. Le péritoine pariétal est une membrane sensible, semi-perméable, nantie de lits capillaires sanguin et lymphatique, particulièrement abondants à la face profonde de sa partie sous-diaphragmatique.